5 conditions pour être digital

22 novembre 2022 - 5 min

Il vous arrive d’avoir 20 réunions en ligne par jour ? Vous trouvez l’app de la SNCB trop complexe ? Vous n’êtes pas le seul. « Et la pression digitale ne fera que s’intensifier », note la chercheuse Ilse Mariën. « La digitalisation est omniprésente, ce qui nous oblige à acquérir constamment de nouvelles compétences. Tout le monde court le risque de ne pas pouvoir suivre le rythme. Le gouvernement reconnaît heureusement qu’il doit mettre l’accent sur l’inclusion, par exemple avec des digicoachs. »

« La fracture numérique a une fois de plus été mise en exergue par la crise du coronavirus. Certains étudiants n’avaient pas la chance de disposer d’un ordinateur pour l’enseignement à distance. Certains professeurs d’université ont abandonné parce qu’ils n’étaient pas en mesure d’organiser des cours en ligne », explique Ilse Mariën, qui mène une étude sur la culture digitale et l’inclusion à la VUB.

 

« D’après les derniers chiffres, l’exclusion digitale menace 40 % des Belges. Ce chiffre passe à près de 75 % chez les personnes dont les revenus sont inférieurs à 1.200 euros et chez les moins instruits. »

Norme digitale personnelle

Il ne s’agit pas seulement de l’accès aux médias digitaux ou du matériel nécessaire pour utiliser le digital. « C’est également une question de compétences : lecture, écriture, connaissances des boutons et des stratégies qui permettent d’utiliser les médias digitaux afin d’améliorer le quotidien, compétences en matière d’information comme la capacité à reconnaître les fake news ou les tactiques de vente. Notre étude compare les facteurs digitaux et sociaux. Ce n’est pas parce que vous êtes en situation précaire que vous n’avez aucune culture digitale. Nous constatons également que les femmes issues de la classe moyenne, par exemple, prennent leurs distances à la suite d’expériences négatives. »

 

L’âge joue un rôle dans l’inégalité digitale. « Mais le problème ne sera pas résolu quand toutes les personnes âgées seront décédées », souligne Mariën. « Le coronavirus a offert un tremplin à la révolution digitale. Pensez aux maisons de repos et de soins qui distribuaient des câlins virtuels via des tablettes et qui ont pérennisé cette initiative. Si je résidais en maison de repos, je ne voudrais pas d’une chambre sans internet. Nous ne sommes plus au Moyen Âge. » 

 

D’après Mariën, pour prendre le train du digital en marche, il faut réunir cinq conditions : le revenu pour acheter du matériel de qualité, l’éducation pour pouvoir lire et écrire, la participation sociale aux réseaux, le pouvoir et la force d’autodétermination, et le bien-être.

 

« Si je résidais en maison de repos, je ne voudrais pas d’une chambre sans internet. Nous ne sommes plus au Moyen Âge. » - Ilse Mariën, chercheuse en communication, VUB

Fatalisme technologique

Selon Mariën, la culture digitale recule au lieu de progresser. « Le fatalisme technologique augmente, même chez les jeunes. Certaines organisations se digitalisent encore sans réfléchir aux conséquences pour leurs collaborateurs et leurs clients. Trop souvent pour gagner en efficacité, pas assez dans le but d’en faire profiter les utilisateurs. Comment garantir la cohérence ? C’est le grand défi de demain. »

 

« Nous sommes tous menacés par l’exclusion digitale, car elle est omniprésente. Vous devez admettre ce que vous pouvez et ne pouvez pas faire. Osez demander de l’aide lorsque vous vous heurtez à un obstacle. Cela nécessite des soft skills, de la confiance en soi. Le gouvernement flamand a heureusement alloué 800 millions d’euros à l’inclusion digitale. La politique mise de plus en plus sur les digital buddies, une démarche qui repose sur l’entraide. On l’applique déjà de manière informelle : ma fille m’aide pour Instagram, un collègue pour Excel. »

 

« Chaque processus de transformation digitale devrait dès le début s’accompagner d’une réflexion sur l’inégalité digitale : quels groupes sont encore exclus et avec qui collaborer pour les intégrer ? Certains membres des groupes à risque peuvent aussi devenir coachs digitaux, car ils connaissent les freins que rencontrent leurs pairs. Toutes sortes d’initiatives voient heureusement le jour, surtout depuis le coronavirus. Citons par exemple Be Code, axé sur le codage. »

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